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mardi, juin 8 2010

Les pêcheurs de Lavanono

13h30 : j’assiste au retour des pêcheurs de Lavanono. Chaque jour, des dizaines de pirogues partent en mer. Berthin Rakotonirina, enseignant-chercheur à l’IH.SM spécialiste des tortues marines, participant à l’expédition, m’accompagne et m’explique les différentes techniques de pêche locales.


Vue sur les pirogues de Lavanono (crédit photo : Eléonore Vandel)


Lavanono est un village tandroy. Les Antandroy (peuple des épines), pratiquent principalement l'élevage de zébus sur une terre aride couverte par une imposante forêt d'épineux. Ce n'est que depuis peu (à peine 30 ans) qu'ils se tournent progressivement vers la mer au contact d'autres populations côtières tels que les Vezo et acquièrent les diverses techniques de pêche.

Engins de pêche utilisés : - ‘Harato’ : filet maillant pour la capture des poissons. - ‘Jarifa’ : filet à grandes mailles destiné à la pêche aux requins, mais souvent des tortues de mer ou des dauphins se font piéger par ce filet. - ‘Teza’ : harpon crochu à fer mobile, destiné à la chasse aux tortues de mer - Embarcation : ‘lakam-bezo’, pirogue monoxyle à balancier propulsée par une voile carrée


Capture d’un ‘lamatra’ (crédit photo : Eléonore Vandel)



Les poissons sont vendus frais auprès des hôteliers et des mareyeuses, ou salés et séchés puis exportés. Depuis notre arrivée, deux tortues luth, trois tortues caouannes, et deux tortues vertes ont été attrapées. Elles sont en général trouvées mortes dans les filets, ce qui cause un risque d’intoxication. La viande est vendue cuite à Lavanono. Quant à la viande séchée de requin, elle est revendue jusqu’à Tuléar et Antananarivo. Il faut savoir que la viande de requin est moins chère que la viande de zébu.

D’autres techniques de pêche sont utilisées. Le harpon à fer pointu est utilisé pour capturer les poulpes. Il est également employé par les plongeurs en apnée pour capturer les langoustes. La pêche sur les platiers (coquillages, concombres de mer, …) est en général pratiquée par les femmes et les enfants. Cette technique s’appelle ici ‘mihaka’.


(crédit photo : Eléonore Vandel)

lundi, mai 31 2010

Joël nous rend visite

Joël, c’est le nom d’une dépression sub-tropicale.


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Nous sommes ici, dans le cercle.



Lavanono se situe dans la région d’Androy, à l’extrême sud de Madagascar. Androy signifie « pays des épines », car les cactus y pullulent. C’est une terre de sable. La pluie est y rarissime. Parole de pêcheur : « Il n’a pas plu depuis 4 ans ». Au moment où je notais cette phrase, une goutte d’eau venue du ciel s’est écrasée sur mon cahier. Renseignement pris, la notion du temps de ce pêcheur semble distordue. La dernière pluie remonte en fait à quelques mois. Mais cette goutte d’eau était annonciatrice. Il pleut maintenant depuis deux jours. Et la situation se dégrade d’heure en heure. Nous sommes sous la dépression sub-tropicale nommée Joël. Vent force 7, précipitations pis que diluviennes et mer déchaînée. « En 15 ans, c’est la deuxième fois que je vois ça », explique Jean-Jacques Arnouil, le propriétaire du ranch eco-lodge qui nous accueille. Conséquence : le travail scientifique est perturbé. Plongée impossible et laboratoire inondé. Ce que nous n’avions pas prévu au pays de la sécheresse. Seules choses à faire : éponger et attendre.


vendredi, mai 28 2010

Les scientifiques savent-ils danser ?

Pour nous intégrer parmi la population de Lavanono, il a fallu passer par des épreuves initiatiques.



Les éléments de la cérémonie d’accueil au village : rassemblement de la foule, démonstration de danse des enfants et offrandes des visiteurs. Comme le demande la tradition, nous avons apporté du riz, des boissons, un tonneau d’alcool local. Et un zébu.



Le barnum de l’expédition, avec ses multiples convois, est finalement arrivé à Lavanono. Le laboratoire a été monté par une équipe déjà sur place depuis quelques jours. Tout le monde est installé. Mais avant de se mettre au travail, il faut officialiser le lancement de la deuxième partie de la mission. Notre débarquement a été préparé en amont par une campagne de sensibilisation auprès des populations locales. La cérémonie d’ouverture, avec les longs discours des élus régionaux, a permis de rappeler la raison de notre présence dans ce village isolé. Suivant la coutume, l’expédition a offert un zébu qui a été sacrifié devant la mer. Place ensuite au bal populaire, avec un orchestre en tong mais doté d’un groove inépuisable. Il nous a permis de découvrir le tsapika, danse locale basée sur de rapides mouvements des muscles fessiers. Nous avons été invités par la foule à montrer nos talents de danseurs. Impossible d’y couper, cela fait partie de la tradition d’accueil. La plupart des membres de la mission sont partis se cacher comme des lâches, pendant que quelques autres acceptaient de se ridiculiser sur l’autel de l’entente cordiale. Cela fait partie du prix à payer pour faire avancer la science.

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Ce zébu ne sait pas qu’il ne lui reste que quelques minutes à vivre.

lundi, mai 17 2010

Le sacrifice du zébu

Voici la vidéo d’une cérémonie traditionnelle dans un village côtier. Avertissement : certaines images peuvent choquer.







Pour collecter la faune et la flore d’un territoire, il faut l’assentiment de la population locale. Un travail de préparation en amont est donc nécessaire. Dans la Baie des galions, les habitants du village d’Italy nous ont demandé de participer à la cérémonie de sacrifice du zébu.

Une coutume assez répandue dans la région d’Anosy. Les sacrifices peuvent avoir lieu pour les grandes occasions (mariages, enterrements…) ou pour s’attirer les faveurs des esprits (pour les récoltes, notamment).

Dans notre cas, la cérémonie scelle le contrat entre la population et l’expédition. La Planète revisitée a donc financé l’achat du zébu (600 000 ariary, soit environ 240€) dont la viande est répartie entre les familles du village. Un rite d’intégration doublé d’une sorte de taxe professionnelle.

mardi, mai 11 2010

Dans la réserve de Nahampoana

Je quitte l’expédition pour rentrer à Paris demain. Julien et Alain continueront à alimenter ce blog, pour les quelques jours qui restent à Fort Dauphin, mais aussi depuis le site de Lavanono jusqu’à la mi-juin, et depuis l’Antéa, le bateau de l’IRD qui rejoint bientôt la mission.

Si les compartiments négligés, donc peu connus, de la biodiversité sont au cœur de « La Planète Revisitée », et tout particulièrement ceux qui concernent le monde marin pour la mission « Atimo Vatae », la biodiversité terrestre malgache est également très attirante. Et beaucoup d’élèves s’y sont intéressés cette année dans le cadre du volet éducatif de l’expédition. Difficile de rentrer sans faire le tour d’une réserve pour prendre quelques photos… Des baobabs au Pachypodium en passant par la fameuse pervenche de Madagascar, je révise quelques notions de botanique ou d’endémisme insulaire.


Photo pachypodium
Pachypodium (qui signifie « pied épais »).


Nous croisons une tortue, un caméléon, des oiseaux, des papillons, quelques magnifiques araignées… Les lémuriens sont bien sûr au rendez vous et plusieurs espèces peuvent être observées… Voici quelques photos pour les élèves qui en rêvent…


Photo sifaka
Propithecus (appelé souvent ‘sifaka’ en raison de son cri d’alerte) capable de pirouettes et de sauts étonnants.




Photo maki catta
Lemur catta (aussi nommé maki catta), le fameux lémurien à la queue rayée de noir et de blanc.

vendredi, mai 7 2010

Les biologistes marins de demain ?

La science, c’est formidable. C’est encore mieux quand on sait la faire partager.


Photo 1
Sophie Pons fascine les CM1 de l’Ecole française de Fort Dauphin.



Dans le cadre du volet pédagogique de l’expédition, des actions sont menées en direction des écoles malgaches. Cette semaine, Sophie Pons et Alain Barrère, enseignants (et correspondants sur ce blog), ont fait une intervention dans les classes de l’Ecole française de Fort-Dauphin pour expliquer les objectifs et méthodes de La planète revisitée. Sujet de l’exposé donné : le trajet d’un échantillon de la collecte à la collection.


Photo 2
Alain Barrère, lui, fascine les CP.



Mercredi avait lieu la journée portes ouvertes sur le site de l’expédition. Plusieurs classes sont venues visiter notre laboratoire (Ecole française, mais aussi l’Ecole Ampasamasay et les étudiants du Centre écologique de Lebanona). Les scientifiques présents (Laurent Charles, Barbara Buge, Bob Abela, Lalaina Ravaloson, Clémence Vololoniaina Ravelo et Tin-Yam Chan) ont animé quelques ateliers pour les apprentis biologistes. Une journée qui suscitera peut-être des vocations.


Photo 3
Laurent Charles et les enfants devant les bacs de tri du laboratoire.

samedi, mai 1 2010

A la découverte des écoles de Fort Dauphin

Depuis plusieurs mois, j’entretiens une correspondance régulière avec l’école française de Fort Dauphin. En effet cet établissement relaye à Madagascar le projet pédagogique de l’expédition « La Planète Revisitée », via le réseau de l’alliance française (AEFE). Ainsi plusieurs écoles de Madagascar participent depuis septembre dernier au volet éducatif de la mission.


A présent sur place, je tiens à rendre visite à mes collègues enseignantes de l’école française ! L’école, située en bordure de la rue principale de Fort Dauphin, est constituée de 3 bâtiments. Elle accueille 6 niveaux de classes, pris en charge par 7 enseignants, dont trois titulaires de l’éducation nationale française et 4 professeurs malgaches.


batiment central ecole
Un des 3 bâtiments de l’école française de Fort Dauphin



Anne, enseignante en petite et moyenne section de maternelle, m’accueille et me fait visiter sa classe, équipée de tables et chaises qu’elle a elle-même repeintes à son arrivée durant l’été 2008. A Madagascar, il faut souvent faire les choses soi-même. Les peintures en outre, tout comme diverses fournitures, ne sont pas toujours très accessibles. Et le budget de fonctionnement de l’école repose essentiellement sur les versements faits par les parents lors de l’inscription des élèves. Ceux-ci sont pour la plupart des enfants malgaches, fils d’employés dans les banques ou sociétés de Fort Dauphin.


classe Anne
La classe de la petite et moyenne section de maternelle



Anne tient à me montrer le mini-musée de la mer, qui mobilise la plupart des classes de l’école depuis le début de l’année. En effet, l’école, pour se mettre au diapason de l’expédition, a décidé de découvrir la biodiversité du littoral de Fort Dauphin. Sorties sur le terrain pour des observations et collectes de sables, coquillages, algues… sont donc organisées depuis plusieurs mois. Les échantillons rapportés par les élèves ont fait l’objet d’activités variées : tri selon différents critères (selon l’âge des enfants), recherche documentaire sur la biologie des spécimens rencontrés, rédaction de fiches d’identité pour certains animaux, productions artistiques autour de la couleur… Les objectifs poursuivis par les enseignants sont nombreux, de l’acquisition de vocabulaire à la découverte de la biodiversité marine locale, en passant par l’apprentissage du dessin ou de l’écriture pour représenter et décrire leurs découvertes.

anne
Anne et l’une des productions réalisées par ses élèves de 3-4 ans



L’objectif de l’école est d’exposer l’ensemble des travaux réalisés par les élèves, dans un mini-musée de la mer. Une salle de l’école a donc été dédiée à la présentation des échantillons, des posters, des dessins et autres mobiles… Une petite plage a même été reconstituée, jusqu’aux bouteilles vides qui malheureusement peuvent aussi la joncher, l’objectif étant également de sensibiliser les enfants à la responsabilité de l’homme vis-à-vis de son environnement.


poster vert
Un exemple de poster réalisé par les enfants de 3-4 ans, basé sur le tri à partir de la couleur verte




mobiles
Mobiles réalisés par les élèves de maternelle



production primaire
Production primaire



productions primaire 2
Les posters et objets collectés par les élèves de primaire



mini plage
Mini plage



Quelques aperçus des objets et posters exposés dans le « mini-musée de la mer » de l’école française ; les 3 posters colorés ont été réalisés par les élèves de 3 et 4 ans sur le thème de la couleur pour présenter les objets collectés ; les mobiles furent l’occasion de dessin et découpage de formes ; les élèves de primaire ont installé la mini-page et fait des fiches d’identité comme celle qui présente ici l’anémone .


Le souhait des élèves est à présent d’organiser une petite inauguration de leur exposition, si possible en présence des scientifiques de La Planète Revisitée ! Les enfants, comme les enseignants d’ailleurs, espèrent aussi pouvoir nous rendre visite dans l’hôtel où nous sommes installés, pour rencontrer les chercheurs et voir le laboratoire… à suivre…

Avant mon retour à la ‘base’, je fais un détour par une école malgache de la ville. Les enseignantes semblent ravies de cette visite et me proposent d’entrer quelques instants dans une des 2 classes. Je suis accueillie par 70 élèves lancés dans des additions et qui s’arrêtent immédiatement pour dévisager cette « professeur venue de France ». Ils ont en moyenne 6 à 7 ans. Je fais quelques photos et ils me pressent de les leur montrer avant de repartir…


Ecole malgache
Une école malgache à Fort Dauphin



eleves ecole malgache
Les élèves de l’école malgache lors de ma visite surprise