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dimanche, novembre 29 2009

Serpents et compagnie…

Ivan Ineich est herpétologiste au Muséum National d’Histoire Naturelle. Nous l’avons suivi dans sa quête des reptiles. Ames sensibles, ne regardez pas cette vidéo :



vendredi, novembre 20 2009

Histoires d’eau

On a facilement tendance à oublier à quel point il est pratique d’avoir un robinet qui fonctionne. En Afrique, l’accès à l’eau est un enjeu quotidien.

Notre camp a été monté au milieu du bush. Comme nous sommes des êtres vivants, nous avons besoin d’eau. Celle que nous utilisons nous est fournie par la compagnie pétrolière canadienne Artumas, qui prospecte dans la région. La société a foré son propre puits et nous laisse y accéder, gratuitement. Tirée en profondeur, cette eau a un goût qu’on n’hésitera pas à qualifier de dégueulasse. Mais elle est saine. Pas besoin de la traiter.

Nous allons la chercher à Palma avec une citerne de 1500 litres tous les 2 ou 3 jours. Soit 5 heures de route. Cela coûte de l’essence et du temps.

citerne_1.jpg

Notre robinet.


« L’important, c’est de ne pas empiéter sur les ressources des villageois. Pour nous, l’accès à l’eau est une question d’argent. Eux, il s’agit de leur vie », explique Mark McAdam, un des responsables de notre camp.

Il n’y a pas d’eau à Nhica de Rovuma. Les villageois ont creusé des trous dans la prairie pour collecter l’eau de pluie. Elle n’arrive toujours pas. Ils vont donc se fournir vers le lac, assez éloigné. Ce sont principalement les femmes et les filles qui vont chercher l’eau dans des bassines qu’elles portent sur leur tête. Belles images pour les photographes, dos fracassé pour les porteuses. Ce travail représente une grande partie de leur quotidien.

femme_eau_1.jpg

« Bonjour mademoiselle »


Histoire enseignée dans les cursus humanitaires : une ONG débarque dans un village africain, constate que les femmes doivent marcher 10 km pour aller chercher l’eau et construit un puits au centre du village pour les soulager. Pour se rendre compte après coup que le temps de l’eau était le seul où les femmes restaient autonomes, sans la pression des hommes. En modifiant l’agencement social, le nouveau puits a finalement réduit leur liberté. « J’ai entendu des histoires de femmes détruisant les puits pour pouvoir conserver leurs habitudes » confirme Mark McAdam. Pas simple, le développement. Comment l’eau est-elle utilisée au camp ? Il faut d’abord boire et cuisiner. L’organisation nous a briefé : même si nous disposons de petits seaux faisant office de douche, la toilette n’est pas une priorité. Alors oui, nous sentons parfois le phacochère, mais c’est le prix à payer pour faire avancer la science. Au village de Nhica, le concept de douche n’existe pas. Les habitants se lavent au lac, quand ils le peuvent.

Notre expédition utilise environ 800 litres d’eau par jour. Soit environ 20 litres par personne. C’est à peu près la consommation d’une famille entière au village.

En France, la consommation domestique par habitant s’élève à 137 litres par jour.

samedi, novembre 14 2009

Dans l’intimité du village (2e partie)

Après avoir conversé avec le conseil du village de Nhica, nous visitons la mosquée, l’église et rencontrons le directeur de l’école.

Se promener seul, il faut oublier. J’attire toute l’attention avec ma peau blanche et mon appareil photo. Une nuée de gamins me suit dans un tourbillon de curiosité et d’excitation. C’est mignon. Ce n’est pas complètement mignon, car ils sont parfois en haillons, souvent sans chaussures, et pas toujours en très bonne santé. Un bambino revêt un maillot du RC Lens. Une fille de 4 ans porte un nouveau-né dans son dos. Les plus petits sont effrayés par ma présence. « Tu es sûrement le premier blanc qu’ils voient », m’assure mon acolyte Hermenegildo. En dehors des membres de notre expé. en ce moment et de chasseurs occasionnels, Nhica ne connaît pas beaucoup de passage.

Enfant mozambicain

Les petits gars de Nhica.


Nous marchons entre les maisons en torchis, agencées en ordre régulier. Il y a des rues, ce qui est plutôt atypique dans un village africain. « Cela montre l’influence architecturale du Frelimo, le parti libérateur d’inspiration marxiste », m’expliquera Olivier Pascal, le chef de notre expé.
Des ados essayent de capter le signal d’une radio avec un petit poste déglingué. Des hommes jouent aux dames sous un arbre. Un vélo passe, chargé de quelques poissons.

On nous ouvre la mosquée.

La mosquée

La mosquée des femmes. On notera le tissu imprimé football.


Sur la terre battue, des nattes tressés, quelques chapelets, un mégaphone pour l’appel à la prière. On me montre le côté des hommes, puis celui des femmes. Sans que je leur demande, des habitant(e)s simulent une prière pour mon appareil photo. La société du spectacle existe aussi à Nhica. Nous passons devant l’unique magasin du village, qui vend des piles et des cigarettes.

Le commerce

Le petit commerce.


Nous visitons ensuite ce qui doit être la plus petite église du monde. Une case surmontée d’une croix. Je passe à peine par l’ouverture de la porte. Une planche plus ou moins dressée fait office d’autel. On doit pouvoir faire tenir dix personnes dans cet édifice.

Voici maintenant l’école. C’est un bâtiment en torchis, récent, avec trois salles. Il y a un tableau. Quelques bouts de bois liés entre eux forment des bancs. Rien d’autre. 250 élèves de primaire, de 6 à 15 ans environ, y apprennent la lecture, le calcul et le portugais. Il n’y a pas d’enseignement secondaire.

L'école

Les enfants devant l'école.


Nous rencontrons Alfonso Focas, le directeur de l’école, qui est assisté par cinq instituteurs. Les conditions de travail sont dures. Ces enseignants ne viennent pas de Nhica. Ils vivent ici pendant la semaine, dans une maison qu’ils louent, et rentrent parfois le week-end dans leur famille. Pour se nourrir, ils disposent d’un champ. Nous n’avons pas réussi à connaître leur salaire exact. On peut toutefois imaginer qu’ils ne disposent pas de golden parachutes.

Comment ça se passe au quotidien, senhor director ? «Nous manquons de moyens. Nous avons des livres de lecture en nombre suffisant, mais il faudrait une salle d’eau, des bureaux, un toit qui ne laisse pas tomber la pluie en classe. Les élèves se comportent bien, ils sont intéressés par l’école, nous avons des résultats. Mais il y a de gros problèmes d’assiduité. Les enfants doivent souvent aller aux champs pour aider leur famille à surveiller les éléphants. Nous avons plus de garçons que de filles, car elles doivent rester chez elles pour s’occuper des plus jeunes. L’éloignement est un autre problème. Nous n’avons pas de moyens de transport. Le collège se trouve à Palma, c’est trop loin. Après la primaire, les enfants ne peuvent pas continuer leurs études. Ils vont travailler au champ. Aucun enfant de ce village n’est jamais devenu instituteur. »

samedi, novembre 7 2009

Paris-Pemba


Pour nous, ça commence maintenant. Une partie de l’équipe est déjà sur place au Mozambique depuis quelques jours. D’autres arriveront plus tard. Aujourd’hui, nous sommes cinq au départ de Roissy : trois entomologistes, un grimpeur et votre serviteur.
Pour nous rendre dans l’hémisphère sud, nous prenons un vol pour Londres. D’Heathrow, nous embarquons pour Johannesburg. 11 heures plus tard, nous arrivons dans le plus grand aéroport d’Afrique, ultramoderne et prêt pour la coupe du monde de foot 2010. Nous y avons un premier aperçu de la faune africaine, sur le mode folklorique

Zèbre mort

 Peau de zèbre, Jo’burg airport, 7.26 AM.


Dans l’attente du prochain avion, les entomologistes parlent de leurs recherches, dans une langue ésotérique pour le commun des mortels. Point commun entre ces chasseurs d’insectes : ils sont tous tombés dans l’entomo enfants et ont fait de leur passion leur métier.
Le vol Jo’burg-Pemba nous fait survoler une grande partie de notre pays de destination. Le paysage est brûlé, c’est la fin de la saison sèche. Vu du ciel, le Mozambique est une longue terre aride parfois striée de fleuves tentaculaires, comme le Zambèze, et de reliefs inattendus, tels ces monts tabulaires surgissant de la plaine sans prévenir.

Le Mozambique vu du ciel

Le Mozambique vu du ciel.


Sur le tarmac de l’aéroport de Pemba, la chaleur écrase les passagers venus de l’automne européen et assommés par 30 h de voyage. Quelques bagages manquent à l’appel, c’était quasiment prévu. Personne ne s’inquiète, ils arriveront (probablement) dans la semaine.
Nous sommes accueillis par Roland Fourcaud, le logisticien de l’expé. L’homme a baroudé plus qu’à son tour (organisation de raids, urgence humanitaire…), nous sommes entre de bonnes mains. Nous avons un bout d’après-midi devant nous. Certains se mettent déjà au travail.

Olivier Montreuil

Olivier Montreuil, entomologiste en quête de scarabées moins d’une heure après être descendu de l’avion.



D’autres en profitent pour découvrir Pemba. C’est une ville de 200 000 habitants, aux routes de poussière et aux constructions précaires. Une ville pauvre mais en croissance, à l’image du pays. Pemba vit du bois, de l’agriculture, de la pêche, de la chasse. Deux compagnies de prospection pétrolière génèrent un peu d’emploi. Une industrie touristique voit le jour, en dépit du manque d’infrastructures. Un tour à la plage nous permet de faire très rapidement connaissance avec les vendeurs d’artisanat locaux. Nous évoluons déjà dans un monde éminemment différent de celui que nous avons quitté la veille, quand nous changions à Châtelet. Nous ne sommes pourtant pas encore arrivés, loin de là.
Programme pour demain : lever à 5 h avant d’avaler 8 heures de route et de piste pour atteindre le campement installé dans le bush près du village de Nhica de Rovuma, à la frontière tanzanienne. Là, nous serons vraiment « into the wild ». Châtelet nous paraîtra irréel et probablement absurde. Place ensuite au travail de collecte pour les chercheurs. Les emplois du temps sont serrés et seront sûrement modifiés, car on ne planifie pas l’Afrique. L’imprévisible guette, ce qui est mauvais pour la science et bon pour l’aventure. Une chose est sûre : la semaine prochaine, nous recevrons, au cœur de la forêt, la visite d’un chef d’état.

mardi, novembre 3 2009

Le jour d’avant

La période que nous allons couvrir avec ce blog n’est que la partie émergée de l’iceberg. Avant la phase de terrain, des dizaines de personnes ont fourni des milliers d’heures de travail pour monter ce programme. Outre les montages administratif, financier et humain du projet, des équipes légères ont déjà effectué deux missions de repérages au Mozambique en 2008.

Au retour de notre expédition, il faudra traiter les données collectées, trier, comparer, nommer les nouvelles espèces. Avant de recommencer quelques mois plus tard à Madagascar.

La forêt mozambicaine

La forêt mozambicaine sera le terrain d'exploration dès novembre 2009 [© Olivier Pascal|PNI].




Ce court mois de terrain est donc précieux. Pas de temps à perdre sur place, les préparatifs se doivent d’être minutieux.

Si les naturalistes partent avec leurs filets, leurs bocaux et leur montgolfière (nous y reviendrons), voici le matériel du blogueur : un appareil photo caméra, un ordinateur et un terminal de transmission qui permettra d’envoyer textes et images via un satellite situé au-dessus de la RDC (non, les forêts du Mozambique ne sont pas équipées Wifi). Sans oublier un bon vieux calepin avec son stylo.

Nous sommes à J-2. Le premier billet posté depuis la forêt le sera le 8 novembre, si la mallette satellite fonctionne...