Les premiers sites de collecte visités par l’équipe marée se révèlent moins riches que souhaité. Philippe Bouchet, chef de mission, et Pierre Lozouet, responsable de l’équipe « marées », décident d’organiser une sortie pour repérer dans la région de nouveaux sites intéressants. Une petite équipe est constituée, dirigée par Tsirivelo, biologiste malgache. Il souhaite nous montrer la plage de Lokaro, à côté du village d’Evatraha. Départ à 8h dans un 4 X 4 sans âge, mais conduit avec brio par Jean Claude notre chauffeur pour la journée. Le trajet est difficile car nous sommes très rapidement sur des pistes où alternent trous et bosses… et notre véhicule n’a guère d’amortisseurs. Les paysages traversés sont splendides, car pour atteindre la plage de Lokaro, nous devons faire une boucle et passer par l’intérieur des terres.

La région de Fort Dauphin

La chaine de montagnes Anosy
Nous longeons ainsi la chaine montagneuse Anosy, et traversons plusieurs forêts sèches, avant d’atteindre des étendues plus arides jusqu’au littoral, où la piste ensablée termine dans les dunes. Sur le chemin nous croisons de véritables forêts de Ravinala (Ravenala madagascariensis ou arbre du voyageur). Dans une petite zone marécageuse, nous observons des Nepenthes (Nepenthes madagascariensis).

Nepenthes sur le bord de la route ; cette plante vivace porte des urnes munies d’un couvercle et remplies d’un liquide gluant qui attire les insectes
Au village, un arrêt est indispensable chez le chef du village et son fils, qui nous donnent l’autorisation de nous rendre à la plage pour une collecte. Nous croisons des femmes qui tressent le mahampy pour faire des nattes.

Le village d’Evatraha
Le site de Lokaro est splendide avec d’un côté la lagune, bordée d’un début de mangrove, de l’autre la plage de sable blanc à laquelle fait face un petit îlot qui nous intrigue.

La plage de Lokaro
En dehors de quelques littorines et crabes, le repérage dans la lagune se révèle un peu décevant. Il faudra revenir avec un bateau et remonter sur plusieurs kilomètres sans doute pour prospecter encore sur les rives.
Pierre et Lalaïna collectent et tamisent du sable dans la lagune ; le tamisage permet d’éliminer une partie du sable (grains les plus fins), la fraction restant dans le tamis est conservée et sera étudiée à la loupe binoculaire dès le retour au laboratoire, pour y rechercher des mollusques et crustacés microscopiques
Après un court repas, nous nous équipons pour visiter l’îlot. Il faut traverser un bras de mer, avec de l’eau jusqu’à la taille pour l’atteindre. Sur place, nous sommes accueillis par une faune et une flore étonnante. Le site présente une surprenante variété de milieux : un petit récif corallien, quelques palétuviers (arbre typique des mangroves), un platier battu par le vent et les vagues, tandis que sur l’autre côte ce sont des blocs sur lesquels des lézards s’exposent au soleil.

Le platier qui s’avance dans la mer héberge de nombreux organismes, mais il faut souvent soulever les algues, fouiller les creux de la roche, ou encore utiliser masque et tube pour les trouver
Cet îlot est décidément prometteur, Pierre Lozouet revient enchanté. Il a notamment repéré la coquille vide d’un ormeau qui l’interpelle et espère le trouver vivant lors d’une prochaine collecte sur le site. Dans la voiture qui nous ramène à la nuit tombante, il réfléchit à l’organisation d’une nouvelle équipée dès le lendemain, avec le matériel adapté pour une collecte plus importante.

Un des sacs d’échantillons collectés sur les rives de l’îlot de Lokaro