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dimanche, mai 30 2010

Une prise exceptionnelle

Photo 1 :

C’est gros, c’est beau et c’est nouveau.




Laurent Albenga est revenu de sa plongée matinale avec un coquillage trouvé à 14 mètres de fond dans une cuvette de sable, aux alentours du cap Sainte Marie. Au laboratoire, les malacologues s’agitent. On ne connaît pas cette espèce, du genre Pleuroploca. Elle est probablement nouvelle. D’ordinaire, les espèces inconnues sont de petites dimensions. Ce coquillage mesure 21 cm. « Je n’ai jamais découvert d’espèces aussi grosses », explique Philippe Bouchet, qui en a pourtant nommé plus de 500 au cours de sa carrière. Si elle se confirme, c’est une découverte de taille.

samedi, mai 22 2010

Gare aux coquillages tueurs

Légende photo 1 :

Ce mollusque est féroce. Photo : Bob Abela.




On pourrait croire que l’étude des mollusques est moins périlleuse que, disons, celles des grands félins ou des grizzlis. Idée reçue. En effet, parmi les myriades d’espèces de coquillages attendrissantes et pacifiques se cachent de redoutables tueurs sanguinaires. C’est la superfamille des Conoidea. Ce groupe capture ses proies (autres mollusques, vers, mais aussi petits poissons) en injectant du venin neuro-toxique grâce à sa radula (dent des gastéropodes, parfois en forme de harpon).

Certaines espèces dans le groupe des cônes sont même mortelles pour l’homme. Tel ce cône textile (Conus textile) que nous avons collecté à plusieurs reprises dans la région.

« On dénombre une soixantaine de morts par an dans le monde à cause de ces coquillages. C’est beaucoup plus que les requins.», explique Nicolas Puillandre, post-doctorant au MNHN, spécialiste de systématique moléculaire. « Quand nous collectons, nous les manipulons par la coquille. Mais pour cela, il faut savoir les identifier.»

Soyez prudents, la science a besoin de vous.

mercredi, mai 19 2010

Luigi et les coquillages

Luigi_Bozzetti.jpg
Luigi Bozzetti a la malacologie dans la peau.




Luigi Bozzetti n’est pas un scientifique professionnel. Technicien informatique à la retraite, ce Milanais est pourtant un expert en coquillages de haut niveau. Collectionneur, vendeur et chercheur, il a découvert et décrit 210 espèces. Beau palmarès pour un amateur.

Luigi connaît particulièrement bien la région. Il a effectué une quarantaine de séjours à Madagascar depuis 1999. Il prospecte sur les marchés de la côte, à la recherche de la coquille rare.

Il s’est fait tatouer sur l’épaule une espèce rare (Lambris cristinae) qu’il a lui-même nommée après l’avoir dénichée à Tuléar. « Quand j’arrive dans un village, je montre mon tatouage pour expliquer ce que je cherche », plaisante-t-il. Il n’en a trouvé que trois spécimens en 10 ans.

« Le sud malgache est un territoire où il y a encore beaucoup de choses à répertorier et le projet de La planète revisitée le prouve. » Les découvertes et la connaissance du terrain de Luigi ont d’ailleurs été un facteur déterminant dans le choix du lieu de l’expédition. Ce qui montre que la science, c’est aussi une affaire de passion.

lundi, mai 3 2010

A la recherche de nouveaux sites de collecte

Les premiers sites de collecte visités par l’équipe marée se révèlent moins riches que souhaité. Philippe Bouchet, chef de mission, et Pierre Lozouet, responsable de l’équipe « marées », décident d’organiser une sortie pour repérer dans la région de nouveaux sites intéressants. Une petite équipe est constituée, dirigée par Tsirivelo, biologiste malgache. Il souhaite nous montrer la plage de Lokaro, à côté du village d’Evatraha. Départ à 8h dans un 4 X 4 sans âge, mais conduit avec brio par Jean Claude notre chauffeur pour la journée. Le trajet est difficile car nous sommes très rapidement sur des pistes où alternent trous et bosses… et notre véhicule n’a guère d’amortisseurs. Les paysages traversés sont splendides, car pour atteindre la plage de Lokaro, nous devons faire une boucle et passer par l’intérieur des terres.


plan region fort dauphin
La région de Fort Dauphin



paysage
La chaine de montagnes Anosy



Nous longeons ainsi la chaine montagneuse Anosy, et traversons plusieurs forêts sèches, avant d’atteindre des étendues plus arides jusqu’au littoral, où la piste ensablée termine dans les dunes. Sur le chemin nous croisons de véritables forêts de Ravinala (Ravenala madagascariensis ou arbre du voyageur). Dans une petite zone marécageuse, nous observons des Nepenthes (Nepenthes madagascariensis).


nepenthes
Nepenthes sur le bord de la route ; cette plante vivace porte des urnes munies d’un couvercle et remplies d’un liquide gluant qui attire les insectes



Au village, un arrêt est indispensable chez le chef du village et son fils, qui nous donnent l’autorisation de nous rendre à la plage pour une collecte. Nous croisons des femmes qui tressent le mahampy pour faire des nattes.


village
Le village d’Evatraha



Le site de Lokaro est splendide avec d’un côté la lagune, bordée d’un début de mangrove, de l’autre la plage de sable blanc à laquelle fait face un petit îlot qui nous intrigue.


plage lokaro
La plage de Lokaro



En dehors de quelques littorines et crabes, le repérage dans la lagune se révèle un peu décevant. Il faudra revenir avec un bateau et remonter sur plusieurs kilomètres sans doute pour prospecter encore sur les rives.


recolte lagune
Pierre et Lalaïna collectent et tamisent du sable dans la lagune ; le tamisage permet d’éliminer une partie du sable (grains les plus fins), la fraction restant dans le tamis est conservée et sera étudiée à la loupe binoculaire dès le retour au laboratoire, pour y rechercher des mollusques et crustacés microscopiques





Après un court repas, nous nous équipons pour visiter l’îlot. Il faut traverser un bras de mer, avec de l’eau jusqu’à la taille pour l’atteindre. Sur place, nous sommes accueillis par une faune et une flore étonnante. Le site présente une surprenante variété de milieux : un petit récif corallien, quelques palétuviers (arbre typique des mangroves), un platier battu par le vent et les vagues, tandis que sur l’autre côte ce sont des blocs sur lesquels des lézards s’exposent au soleil.


platier Ilot
Le platier qui s’avance dans la mer héberge de nombreux organismes, mais il faut souvent soulever les algues, fouiller les creux de la roche, ou encore utiliser masque et tube pour les trouver





Cet îlot est décidément prometteur, Pierre Lozouet revient enchanté. Il a notamment repéré la coquille vide d’un ormeau qui l’interpelle et espère le trouver vivant lors d’une prochaine collecte sur le site. Dans la voiture qui nous ramène à la nuit tombante, il réfléchit à l’organisation d’une nouvelle équipée dès le lendemain, avec le matériel adapté pour une collecte plus importante.


collecte Sac Ilot
Un des sacs d’échantillons collectés sur les rives de l’îlot de Lokaro