Mot-clé - malgache

Fil des billets

mardi, mai 11 2010

Dans la réserve de Nahampoana

Je quitte l’expédition pour rentrer à Paris demain. Julien et Alain continueront à alimenter ce blog, pour les quelques jours qui restent à Fort Dauphin, mais aussi depuis le site de Lavanono jusqu’à la mi-juin, et depuis l’Antéa, le bateau de l’IRD qui rejoint bientôt la mission.

Si les compartiments négligés, donc peu connus, de la biodiversité sont au cœur de « La Planète Revisitée », et tout particulièrement ceux qui concernent le monde marin pour la mission « Atimo Vatae », la biodiversité terrestre malgache est également très attirante. Et beaucoup d’élèves s’y sont intéressés cette année dans le cadre du volet éducatif de l’expédition. Difficile de rentrer sans faire le tour d’une réserve pour prendre quelques photos… Des baobabs au Pachypodium en passant par la fameuse pervenche de Madagascar, je révise quelques notions de botanique ou d’endémisme insulaire.


Photo pachypodium
Pachypodium (qui signifie « pied épais »).


Nous croisons une tortue, un caméléon, des oiseaux, des papillons, quelques magnifiques araignées… Les lémuriens sont bien sûr au rendez vous et plusieurs espèces peuvent être observées… Voici quelques photos pour les élèves qui en rêvent…


Photo sifaka
Propithecus (appelé souvent ‘sifaka’ en raison de son cri d’alerte) capable de pirouettes et de sauts étonnants.




Photo maki catta
Lemur catta (aussi nommé maki catta), le fameux lémurien à la queue rayée de noir et de blanc.

dimanche, mai 9 2010

Sur l’aire de tamisage

Une aire de tamisage a été installée sur la plage devant l’hôtel. C’est un espace essentiel pour traiter les collectes effectuées par les plongeurs (contenus des sacs issus de la suceuse ou du brossage) ou par le patsa Ankoba I (drague triangulaire).


Photo tamis
Un tamis (à grosses mailles)



Le principe consiste à tamiser pour séparer les différentes fractions selon leur taille (le tri, consistant à rassembler les spécimens qui se ressemblent, aura lieu par la suite, au centre de tri dans l’hôtel). Quatre, parfois cinq tamis, tous de tailles différentes, sont installés en ‘cascade’, avec un ingénieux système qui leur permet de communiquer, depuis le tamis à larges mailles, jusqu’au tamis le plus fin. Le contenu des bacs est versé dans le premier tamis (à grosses mailles) situé en hauteur. Les organismes les plus gros, de même que les éventuelles grosses pierres, y sont retenus.


Photo bac versé
Des employés malgaches, embauchés pour l’occasion et formés pour assurer le tamisage, versent le contenu d’un bac dans le premier tamis.



Il faut ensuite ajouter beaucoup d’eau pour entrainer le sable et tous les organismes plus petits, non retenus par ce premier tamis, vers la suite du parcours.


Photo trajet eau tamis
A chaque tamis, une partie (ou fraction) est retenue par les mailles, tandis que l’eau entraîne les parties plus fines vers les tamis suivants.



Au 2ème étage, le tamis plus fin permet de récupérer une fraction plus « fine »… et ainsi de suite jusqu’au dernier tamis qui recueille une fraction microscopique.


Photo fractions tamisage
Virginie Héros, qui travaille dans le laboratoire, examine les différentes fractions issues d’un tamisage ; pour les fractions les plus fines, l’analyse sera faite à la loupe binoculaire pour séparer le sable des organismes vivants microscopiques qui s’y trouvent.

samedi, mai 8 2010

A bord de l’Ankoba I

Rudo Van Cosel est notre spécialiste de la collecte à la drague triangulaire. Il est aidé par Faustinato Behivoke, un étudiant malgache associé à l’expédition. Ce matin je les accompagne sur l’Ankoba I, un patsa (type de bateau local). Ces bateaux ont beaucoup de gîte, ce que je peux constater dès la montée à bord. Nous serons quatre sur cette minuscule coquille de noix, et il faut compter aussi le matériel de collecte… Première recommandation : toujours équilibrer le bateau… deux à droite et deux à gauche !


Photo Patsa
Faustinato embarque la drague triangulaire, tandis que Rudo équilibre le bateau.



Ce matin (« comme tous les matins… » me précise Rudo avec un sourire en coin) des réparations mécaniques sont nécessaires. Un petit moteur a été installé dans le bateau pour actionner un treuil. Ainsi il est plus simple de remonter la drague, surtout quand elle est pleine. Mais le démarreur du moteur semble cassé et visiblement il est impossible à réparer malgré plusieurs tentatives. Tant pis, il nous faudra tirer sur le ‘bout’ (corde) pour remonter la drague… Rudo commence par une zone dont la profondeur varie entre 8 et 12 m, dans la baie de Fort Dauphin. Tout en laissant le bateau avancer à petite vitesse, il jette la drague triangulaire (triangle métallique auquel est attaché un filet et qui est relié de l’autre côté au bateau par un bout). Celle-ci se pose sur le fond, puis par un subtil jeu d’accélérations et de ralentissements du patsa, nous tirons la drague tout en raclant ainsi le fond. Sable et organismes divers s’y engouffrent. Rudo a décidé de passer ses commandes à la manière locale et alterne donc des « oniva » (écriture phonétique !... à traduire par « on avance ») avec des « moura moura » (comprendre « doucement maintenant ! »). Un trait de drague dure 10 à 20 minutes (notamment selon le poids de la drague).


Photo drague tirer
Rudo manipule le ‘bout’ qui retient la drague, lors d’un « trait »



Notre première collecte nous ramène un filet de pêcheur, qui n’était pas signalé par des bouées, comme c’est habituellement le cas. Démêler les mailles de la drague de celles du filet n’est pas chose aisée… Nous partons plus loin pour effectuer de nouveaux traits. Faustinato note chaque station (zone prospectée) et chaque trait dans un ‘cahier de stations’.


Photo drague vider
À chaque remontée de drague, Rudo en vide le contenu dans une baille et inspecte consciencieusement, à la recherche d’éventuelles bonnes trouvailles



Toute la matinée, nous créons l’attraction car de nombreuses embarcations de pêcheurs traversent la baie.


Photo pirogue
Des malgaches en pirogue traditionnelle nous dévisagent, intrigués



La pêche ne se révèle finalement pas miraculeuse… un crabe, quelques mollusques, surtout des algues vertes (ce que Rudo appelle « la soupe de verdure ») et même une bouteille en plastique que nous ramenons au laboratoire car des organismes vivants ont visiblement déjà eu le temps de s’y fixer ! On ne sait jamais…


Photo soupe verte
La récolte de la matinée : « sopa verde »

vendredi, mai 7 2010

Les biologistes marins de demain ?

La science, c’est formidable. C’est encore mieux quand on sait la faire partager.


Photo 1
Sophie Pons fascine les CM1 de l’Ecole française de Fort Dauphin.



Dans le cadre du volet pédagogique de l’expédition, des actions sont menées en direction des écoles malgaches. Cette semaine, Sophie Pons et Alain Barrère, enseignants (et correspondants sur ce blog), ont fait une intervention dans les classes de l’Ecole française de Fort-Dauphin pour expliquer les objectifs et méthodes de La planète revisitée. Sujet de l’exposé donné : le trajet d’un échantillon de la collecte à la collection.


Photo 2
Alain Barrère, lui, fascine les CP.



Mercredi avait lieu la journée portes ouvertes sur le site de l’expédition. Plusieurs classes sont venues visiter notre laboratoire (Ecole française, mais aussi l’Ecole Ampasamasay et les étudiants du Centre écologique de Lebanona). Les scientifiques présents (Laurent Charles, Barbara Buge, Bob Abela, Lalaina Ravaloson, Clémence Vololoniaina Ravelo et Tin-Yam Chan) ont animé quelques ateliers pour les apprentis biologistes. Une journée qui suscitera peut-être des vocations.


Photo 3
Laurent Charles et les enfants devant les bacs de tri du laboratoire.

lundi, mai 3 2010

A la recherche de nouveaux sites de collecte

Les premiers sites de collecte visités par l’équipe marée se révèlent moins riches que souhaité. Philippe Bouchet, chef de mission, et Pierre Lozouet, responsable de l’équipe « marées », décident d’organiser une sortie pour repérer dans la région de nouveaux sites intéressants. Une petite équipe est constituée, dirigée par Tsirivelo, biologiste malgache. Il souhaite nous montrer la plage de Lokaro, à côté du village d’Evatraha. Départ à 8h dans un 4 X 4 sans âge, mais conduit avec brio par Jean Claude notre chauffeur pour la journée. Le trajet est difficile car nous sommes très rapidement sur des pistes où alternent trous et bosses… et notre véhicule n’a guère d’amortisseurs. Les paysages traversés sont splendides, car pour atteindre la plage de Lokaro, nous devons faire une boucle et passer par l’intérieur des terres.


plan region fort dauphin
La région de Fort Dauphin



paysage
La chaine de montagnes Anosy



Nous longeons ainsi la chaine montagneuse Anosy, et traversons plusieurs forêts sèches, avant d’atteindre des étendues plus arides jusqu’au littoral, où la piste ensablée termine dans les dunes. Sur le chemin nous croisons de véritables forêts de Ravinala (Ravenala madagascariensis ou arbre du voyageur). Dans une petite zone marécageuse, nous observons des Nepenthes (Nepenthes madagascariensis).


nepenthes
Nepenthes sur le bord de la route ; cette plante vivace porte des urnes munies d’un couvercle et remplies d’un liquide gluant qui attire les insectes



Au village, un arrêt est indispensable chez le chef du village et son fils, qui nous donnent l’autorisation de nous rendre à la plage pour une collecte. Nous croisons des femmes qui tressent le mahampy pour faire des nattes.


village
Le village d’Evatraha



Le site de Lokaro est splendide avec d’un côté la lagune, bordée d’un début de mangrove, de l’autre la plage de sable blanc à laquelle fait face un petit îlot qui nous intrigue.


plage lokaro
La plage de Lokaro



En dehors de quelques littorines et crabes, le repérage dans la lagune se révèle un peu décevant. Il faudra revenir avec un bateau et remonter sur plusieurs kilomètres sans doute pour prospecter encore sur les rives.


recolte lagune
Pierre et Lalaïna collectent et tamisent du sable dans la lagune ; le tamisage permet d’éliminer une partie du sable (grains les plus fins), la fraction restant dans le tamis est conservée et sera étudiée à la loupe binoculaire dès le retour au laboratoire, pour y rechercher des mollusques et crustacés microscopiques





Après un court repas, nous nous équipons pour visiter l’îlot. Il faut traverser un bras de mer, avec de l’eau jusqu’à la taille pour l’atteindre. Sur place, nous sommes accueillis par une faune et une flore étonnante. Le site présente une surprenante variété de milieux : un petit récif corallien, quelques palétuviers (arbre typique des mangroves), un platier battu par le vent et les vagues, tandis que sur l’autre côte ce sont des blocs sur lesquels des lézards s’exposent au soleil.


platier Ilot
Le platier qui s’avance dans la mer héberge de nombreux organismes, mais il faut souvent soulever les algues, fouiller les creux de la roche, ou encore utiliser masque et tube pour les trouver





Cet îlot est décidément prometteur, Pierre Lozouet revient enchanté. Il a notamment repéré la coquille vide d’un ormeau qui l’interpelle et espère le trouver vivant lors d’une prochaine collecte sur le site. Dans la voiture qui nous ramène à la nuit tombante, il réfléchit à l’organisation d’une nouvelle équipée dès le lendemain, avec le matériel adapté pour une collecte plus importante.


collecte Sac Ilot
Un des sacs d’échantillons collectés sur les rives de l’îlot de Lokaro

samedi, mai 1 2010

A la découverte des écoles de Fort Dauphin

Depuis plusieurs mois, j’entretiens une correspondance régulière avec l’école française de Fort Dauphin. En effet cet établissement relaye à Madagascar le projet pédagogique de l’expédition « La Planète Revisitée », via le réseau de l’alliance française (AEFE). Ainsi plusieurs écoles de Madagascar participent depuis septembre dernier au volet éducatif de la mission.


A présent sur place, je tiens à rendre visite à mes collègues enseignantes de l’école française ! L’école, située en bordure de la rue principale de Fort Dauphin, est constituée de 3 bâtiments. Elle accueille 6 niveaux de classes, pris en charge par 7 enseignants, dont trois titulaires de l’éducation nationale française et 4 professeurs malgaches.


batiment central ecole
Un des 3 bâtiments de l’école française de Fort Dauphin



Anne, enseignante en petite et moyenne section de maternelle, m’accueille et me fait visiter sa classe, équipée de tables et chaises qu’elle a elle-même repeintes à son arrivée durant l’été 2008. A Madagascar, il faut souvent faire les choses soi-même. Les peintures en outre, tout comme diverses fournitures, ne sont pas toujours très accessibles. Et le budget de fonctionnement de l’école repose essentiellement sur les versements faits par les parents lors de l’inscription des élèves. Ceux-ci sont pour la plupart des enfants malgaches, fils d’employés dans les banques ou sociétés de Fort Dauphin.


classe Anne
La classe de la petite et moyenne section de maternelle



Anne tient à me montrer le mini-musée de la mer, qui mobilise la plupart des classes de l’école depuis le début de l’année. En effet, l’école, pour se mettre au diapason de l’expédition, a décidé de découvrir la biodiversité du littoral de Fort Dauphin. Sorties sur le terrain pour des observations et collectes de sables, coquillages, algues… sont donc organisées depuis plusieurs mois. Les échantillons rapportés par les élèves ont fait l’objet d’activités variées : tri selon différents critères (selon l’âge des enfants), recherche documentaire sur la biologie des spécimens rencontrés, rédaction de fiches d’identité pour certains animaux, productions artistiques autour de la couleur… Les objectifs poursuivis par les enseignants sont nombreux, de l’acquisition de vocabulaire à la découverte de la biodiversité marine locale, en passant par l’apprentissage du dessin ou de l’écriture pour représenter et décrire leurs découvertes.

anne
Anne et l’une des productions réalisées par ses élèves de 3-4 ans



L’objectif de l’école est d’exposer l’ensemble des travaux réalisés par les élèves, dans un mini-musée de la mer. Une salle de l’école a donc été dédiée à la présentation des échantillons, des posters, des dessins et autres mobiles… Une petite plage a même été reconstituée, jusqu’aux bouteilles vides qui malheureusement peuvent aussi la joncher, l’objectif étant également de sensibiliser les enfants à la responsabilité de l’homme vis-à-vis de son environnement.


poster vert
Un exemple de poster réalisé par les enfants de 3-4 ans, basé sur le tri à partir de la couleur verte




mobiles
Mobiles réalisés par les élèves de maternelle



production primaire
Production primaire



productions primaire 2
Les posters et objets collectés par les élèves de primaire



mini plage
Mini plage



Quelques aperçus des objets et posters exposés dans le « mini-musée de la mer » de l’école française ; les 3 posters colorés ont été réalisés par les élèves de 3 et 4 ans sur le thème de la couleur pour présenter les objets collectés ; les mobiles furent l’occasion de dessin et découpage de formes ; les élèves de primaire ont installé la mini-page et fait des fiches d’identité comme celle qui présente ici l’anémone .


Le souhait des élèves est à présent d’organiser une petite inauguration de leur exposition, si possible en présence des scientifiques de La Planète Revisitée ! Les enfants, comme les enseignants d’ailleurs, espèrent aussi pouvoir nous rendre visite dans l’hôtel où nous sommes installés, pour rencontrer les chercheurs et voir le laboratoire… à suivre…

Avant mon retour à la ‘base’, je fais un détour par une école malgache de la ville. Les enseignantes semblent ravies de cette visite et me proposent d’entrer quelques instants dans une des 2 classes. Je suis accueillie par 70 élèves lancés dans des additions et qui s’arrêtent immédiatement pour dévisager cette « professeur venue de France ». Ils ont en moyenne 6 à 7 ans. Je fais quelques photos et ils me pressent de les leur montrer avant de repartir…


Ecole malgache
Une école malgache à Fort Dauphin



eleves ecole malgache
Les élèves de l’école malgache lors de ma visite surprise