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jeudi, juin 10 2010

Cap Sainte-Marie et visite guidée du labo

L’équipe marée s’est rendue ce matin au Cap Sainte-Marie, le point le plus méridional de Madagascar. On y trouve une réserve spéciale, créée afin de protéger entre autres 14 espèces d’oiseaux et 2 espèces de tortues terrestres (la tortue radiée et la tortue araignée). Les plongeurs y avaient repéré depuis la mer de nombreux platiers, et le seul accès possible était par la réserve. L’accueil réservé aux scientifiques fut très chaleureux.


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Vue sur Cap Sainte-Marie (crédit photo : Laurent Charles)



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(crédit photo : Laurent Charles)



Comme les plongeurs la veille, les récolteurs ont eu la chance d’observer au large une baleine à bosse. Cette espèce quitte en été les mers froides où elle se nourrit, pour s’accoupler et mettre bas dans des eaux suffisamment chaudes pour les baleineaux. Elles commencent seulement à arriver sur les côtes de Madagascar. Leur migration reste mal connue, mais les scientifiques pensent que cette colonie provient du large de l’Antarctique, à plusieurs milliers de kilomètres au sud.


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Baleine à bosse (crédit photo : Laurent Charles)



Cet après-midi à 15h, une visite guidée du laboratoire a été organisée pour les habitants de Lavanono. Une quarantaine d’hommes, femmes et enfants ont été curieux d’observer le travail des scientifiques. Paubert Mahatante, et Berthin Rakotonirina (participants venant de l’Institut Halieutique et des Sciences Marines de l’Université de Tuléar) ont été leurs guides. Ils présentent successivement la station de gonflage des bouteilles, les dragues, quelques spécimens récoltés, le labo photo de Chia-Wei Lin, les algues de Bruno de Reviers, les tables de tri et leurs loupes binoculaires, le barcoding, et enfin la station de tamisage.



Berthin et Bruno présentent la méthode de séchage des algues (crédit photo : Eléonore Vandel)




Observation à la loupe binoculaire (crédit photo : Eléonore Vandel)



Paubert, étudiant à l’IH.SM, est originaire de la région Androy où nous nous trouvons. Il en profite pour expliquer aux villageois l’importance de la scolarisation des enfants, et leur conseille de vendre des zébus pour pouvoir payer leurs études. Ici les zébus sont signe de richesse : plus une famille a de zébus, plus elle est riche. C’est pourquoi ils ne sont pas vendus.



Paubert explique comment utiliser la drague (crédit photo : Eléonore Vandel)




Visite de la station de tamisage (crédit photo : Eléonore Vandel)

vendredi, juin 4 2010

Faux-Cap

Une sortie avec 19 personnes de notre équipe était prévue jeudi dernier, direction Faux-Cap. Malheureusement, tout le monde s’est réveillé encore une fois sous la pluie. Nous ne sommes décidément pas chanceux avec la météo ici. Ce fut encore une journée de travail de perdue, et de nouveaux soucis d’inondation dans notre labo.

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Traversée de la piste inondée (crédit photo : Laurent Charles)



La sortie à Faux-Cap a donc été reportée à vendredi. Départ à 8h, nous sommes partis pour près de 3h de route, dans un très sale état après toutes ces pluies : nous avons traversé de nombreuses mares…


Les équipes se préparent à récolter (crédit photo : Eléonore Vandel)



Après avoir descendu tout le matériel sur la plage, une équipe ‘marée’ est partie faire des récoltes sur le platier, et une équipe de plongeurs a travaillé dans la grande piscine naturelle. Protégée par un banc rocheux, elle a ainsi l’avantage d’avoir une eau calme et donc une bonne visibilité. A 14h30 il était déjà l’heure de rentrer, afin d’arriver avant la tombée de la nuit. Bilan de la journée : une vingtaine d’espèces supplémentaires qui n’avaient pas encore été récoltées.


Vue sur la plage de Faux-Cap (crédit photo : Eléonore Vandel)

jeudi, mai 20 2010

Brossage et crabe araignée

Ce matin, nous avons fait un brossage avec Laurent Albenga, sur une station proche du vieux port de Fort Dauphin.

Les conditions étaient assez bonnes, environ 5 mètres de visibilité, une mer pas trop agitée. Cela consiste à passer une brosse dure sur la face supérieure et inférieure d'une roche transportable par un plongeur et à l'intérieur des bacs de brossage.



DSC_0080blogALB6 copyright MNHN Alain BARRERE
Laurent Albenga au brossage




Le matériel comprend deux bacs en plastique emboîtés l'un dans l'autre. Les trous du bac supérieur forment un premier tamis pour les éléments grossiers, le filet à mailles fines placés dans le bac inférieur permet de garder les éléments fins. Parfois, nous utilisons marteau et pied de biche pour fragmenter les éléments à cavités.



DSC_0082blogALB6 copyright MNHN Alain BARRERE



La récolte est ensuite tamisée pour la présenter en différents lots aux trieurs. Ce matin, nous avons collecté ce crabe araignée.



TV21-08blogALB6 copyright MNHN Tin-Yan CHAN



Il a la particularité de se recouvrir d'éponges et parfois d'ascidies pour se camoufler. Il appartient à la famille des Majidae. Le voici « déshabillé » par Tin-Yan Chan, spécialiste des crustacés qui a fait ces superbes photos.



TV19-02blogALB6 copyright MNHN Tin-Yan CHAN

lundi, mai 17 2010

L’Antéa est là

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Il est arrivé au port d’Ehoala. Il, c’est l’Antéa. Un catamaran de recherche de l’IRD (Institut de Recherche pour le développement), qui prospectera sur une large zone couvrant le tout le sud de Madagascar. Il part avec dix plongeurs scientifiques pour deux legs de 18 jours chacun. Reportage à bord prochainement.

dimanche, mai 9 2010

Sur l’aire de tamisage

Une aire de tamisage a été installée sur la plage devant l’hôtel. C’est un espace essentiel pour traiter les collectes effectuées par les plongeurs (contenus des sacs issus de la suceuse ou du brossage) ou par le patsa Ankoba I (drague triangulaire).


Photo tamis
Un tamis (à grosses mailles)



Le principe consiste à tamiser pour séparer les différentes fractions selon leur taille (le tri, consistant à rassembler les spécimens qui se ressemblent, aura lieu par la suite, au centre de tri dans l’hôtel). Quatre, parfois cinq tamis, tous de tailles différentes, sont installés en ‘cascade’, avec un ingénieux système qui leur permet de communiquer, depuis le tamis à larges mailles, jusqu’au tamis le plus fin. Le contenu des bacs est versé dans le premier tamis (à grosses mailles) situé en hauteur. Les organismes les plus gros, de même que les éventuelles grosses pierres, y sont retenus.


Photo bac versé
Des employés malgaches, embauchés pour l’occasion et formés pour assurer le tamisage, versent le contenu d’un bac dans le premier tamis.



Il faut ensuite ajouter beaucoup d’eau pour entrainer le sable et tous les organismes plus petits, non retenus par ce premier tamis, vers la suite du parcours.


Photo trajet eau tamis
A chaque tamis, une partie (ou fraction) est retenue par les mailles, tandis que l’eau entraîne les parties plus fines vers les tamis suivants.



Au 2ème étage, le tamis plus fin permet de récupérer une fraction plus « fine »… et ainsi de suite jusqu’au dernier tamis qui recueille une fraction microscopique.


Photo fractions tamisage
Virginie Héros, qui travaille dans le laboratoire, examine les différentes fractions issues d’un tamisage ; pour les fractions les plus fines, l’analyse sera faite à la loupe binoculaire pour séparer le sable des organismes vivants microscopiques qui s’y trouvent.

mercredi, mai 5 2010

Attention : plongée dangereuse

Ils partirent dans l’espoir d’explorer tranquillement les fonds marins. Mais parfois, les fonds marins ne se laissent pas faire.

L’aventure du jour en images :

dimanche, mai 2 2010

22 mètres sous les mers

Au quotidien, nos plongeurs vont collecter sur les fonds côtiers. Une activité qui n’est pas de tout repos. Loin de là.


Plongeurs Pascal Laurent Patrice
Les mousquetaires de la plongée : Pascal Bigot, Laurent Albenga, Patrice Petit de Voize (qui remplit également le rôle d’homme providentiel dans les situations périlleuses).


Le jour est à peine levé et le port est calme. L’équipe embarque sur le Bombard, un zodiac filant à 30 nœuds, boosté par un moteur de 115 CV. A bord, trois cadors de la plongée sous-marine : Laurent Albenga, responsable de collection au MNHN, Pascal Bigot, dentiste dans le civil, et Patrice Petit de Voize. Ce dernier a effectué sa première plongée en 1958. Il en compte désormais 8500. A 66 ans, ce Breton ayant baroudé sur toutes les eaux du globe est ce qu’il est convenu d’appeler un vieux loup de mer, doublé d’un conteur hors-pair.

Chaque jour, ces hommes plongent à la recherche de la vie sub-aquatique. Leurs outils : la brosseuse (qui permet de recueillir les micro-organismes en frottant les pierres) et l’aspirateur sous-marin (plus couramment appelé suceuse).

Aspirateur
Ce drôle d’engin est un aspirateur sous-marin.


Le lieu d’exploration est choisi grâce aux informations du sonar. Nous voilà aux alentours de la Pointe Evatra, au bout de la baie de Fort-Dauphin. Les plongeurs vont descendre à 22 mètres pour inspecter un fond de roches granitiques où cavernes et autres anfractuosités regorgent peut-être de bonnes surprises biologiques.

Ce matin, une houle assez sérieuse anime les eaux. Ce qui permet aux deux journalistes embarqués de découvrir les joies du mal de mer. Mais cette houle de surface affecte aussi sérieusement les conditions sous-marines. La visibilité est réduite (2 mètres) et les plongeurs sont chahutés par les courants. A leur remontée, ils sont à plus de 150 mètres du bateau. Il faut lever l’ancre pour aller les récupérer. C’est ce moment que choisit le moteur pour lâcher.

Impossible de le redémarrer. Nous sommes livrés aux flots qui nous rabattent vers la côte. Les récifs s’approchent dangereusement. Et nous avons trois hommes à la mer qui s’éloignent jusqu’à devenir invisibles. Le pilote est dépassé par les évènements. Le moteur ne veut rien savoir. A quelques mètres de nous, les déferlantes se fracassent sur d’énormes rochers pas franchement accueillants. Motivés par l’idée de rester en vie, les deux journalistes pagayent frénétiquement en sens inverse.

Emporté par son mouvement, l’un d’eux passe par-dessus bord pour pimenter une situation qui n’avait pas besoin de ça. Cela pourrait être drôle ; nous n’avons pas le temps de rire. Remonter sur un zodiac sans échelle par forte houle n’est pas une chose aisée. Mais, toujours poussé par cette idée que la vie, c’est pas si mal, Rouletabille bondit sur le pneumatique et reprend sa pagaie. Une tortue passe. Pendant ce temps, Patrice Petit de Voize a entamé une course vers le zodiac en palmant à contre-courant. Il parvient à nous rejoindre et se hisse à bord comme un jeune homme. Performance. Quelques minutes de suspense plus tard, il réussit à ranimer le moteur. Merci monsieur.

Nous fendons l’écume pour aller récupérer Pascal et Laurent, à 400 mètres de là. Ils ont dérivé pendant près d’une demi-heure. Tout va bien. Même la collecte du jour est sauvée.

Bilan des opérations : un genou cabossé, une brûlure de méduse, quelques doigts entaillés par les cordes, un seau de vomi et la science, imperturbable, qui poursuit son chemin. En rentrant au port, quelques dauphins viennent nous saluer. Il est 10 h du matin. Ce sera une belle journée.